jeudi 12 décembre 2013

L'apocalypse chez Stokes

Hier à la pharmacie, j'ai connu un moment de perplexité devant les trois choix de vaporisateurs nasaux d'une marque connue : nez sec, nez croûté, nez sec et croûté.

Comme une histoire fantastique, philosophique et merdique, ce type de situation projette toujours une scène semblable dans mon théâtre de l'absurde mental : une longue table ovale, des personnes renfrognées, principalement des hommes d'âge mûr en costume, un écran blanc. Quelqu'un se lève et explique à la ronde : " Je vais maintenant vous présenter les nouveaux produits que nous prévoyons lancer cette année. "

Commence ensuite la description d'un premier gadget révolutionnaire aussi ridicule qu'inutile, qui provoque un éclat de rire généralisé. Puis, un homme, celui que l'on devine être le grand patron, fait taire l'assistance en déclarant avec sérieux que le produit a beaucoup de potentiel. Les subalternes toussotent et s'empressent d'approuver le grand patron, lui qui a tant de flair.

Quelques mois plus tard, après les capsules, comprimés, gélules à dissolution rapide ou lente qui contiennent la même molécule, les serviettes hygiéniques qui suivent les mêmes modes que les couches avec leurs élastiques ou leurs ailes sur les côtés, le vaporisateur pour " nez sec et croûté " atterrit sur les rayons.

Et l'apocalypse se rapproche un peu plus.

Celui qui se produira non pas quand tous les signes attendus se manifesteront, mais quand l'inventivité des entreprises à créer de nouveaux besoins se tarira.

Affolement culinaire

Il s'agit bien sûr d'une blague, vous l'aurez deviné. Mais... je ne peux m'empêcher de ressentir un affolement chaque fois que je visite un boutique d'ustensiles de cuisine comme Stokes. Il m'arrive même d'y parcourir les rayons juste pour me rassurer qu'il nous reste encore quelques années.

Je m'explique. Pendant plusieurs décennies, la cuisinière compétente a nourri une famille de six à l'aide d'un fouet, d'un rouleau à pâte, d'une spatule, d'une cocotte en fonte, d'une poêle à frire et de deux chaudrons.

Que s'est-il passé?

Pourquoi alors cette angoisse folle quand je regarde la série Menu express de Jamie Oliver alors que mes placards contiennent environ 10 fois plus d’accessoires coûteux et complexes que ceux de mes grands-mères? Le gars ne se casse pourtant pas la tête, car il a aspergé jusqu'à maintenant tout - absolument tout, je dis bien - d'huile d'olive et de jus de citron. Mais il arrive toujours à jeter ma confiance par terre, comme aujourd'hui en sortant de sa manche du " sel de mer fumé ".

Déjà que toute la province s'était mise à la " fleur de sel " depuis un bout,  permettant aux membres de la table ovale chez Stokes de nous vendre un machin pour la servir. Cela a dû les réjouir, eux qui commençaient à s'essouffler après avoir lancé le " sèche décanteur", le " couteau en plastique pour couper la laitue" et le " petit gant pour peler l'ail".

Quand cela va-t-il s'arrêter? J'adhère à la position prise par Richard Martineau l'an dernier : si je vous invite à souper chez moi, vous risquez de manger un spaghetti. Et arrêtez de vouloir m'impressionner de votre côté; vous ne faites que me stresser!

Une pause dans la course folle au nouveau gugusse ferait le plus grand bien à tous. En premier à notre porte-feuille et, en deuxième, aux commis qui doivent trouver comment placer toutes ces merveilles sur les mêmes tablettes (qui ne s'agrandissent pas par en-dedans comme la tente de Harry Potter).

Ce qui m'amène à une deuxième question, tout aussi inquiétante : que va-t-il se passer si la machine s'arrête? Lorsque nous aurons déjà les vaporisateurs pour nez pincés, froncés, évasés, retouchés? Le gars de la compagnie va repartir avec sa mallette attendre la mort à la maison et nous aussi?

Suggestion de cadeau

Sur ces digressions, je vous souhaite à tous une bonne course folle dans les rayons! Il faut combler ces besoins tandis que nous en avons encore! Et si vous cherchez quoi offrir pour cet échange de cadeaux à 25$, pensez à un livre léger, drôle et surprenant. Et privilégiez un auteur québécois. Cela soutiendra l'économie locale tout en faisant plaisir à Maka Kotto.

Suzanne et Josée

Et une suggestion tout à fait objective(!), pourquoi pas les Petites histoires fantastiques, philosophiques et merdiques? Avec les belles illustrations de Suzanne Marinier et les récits imaginatifs de votre sous-signée, c'est un cadeau aussi joli qu'original.

Joyeuses Fêtes à tous!
 


dimanche 24 novembre 2013

Érotiques, philosophiques et fantastiques?

Après des années à circuler péniblement entre des centaines de poussettes et des milliers de visiteurs, j'ai enfin eu la chance de passer de l'autre côté en vivant ma première expérience d'auteure au Salon du livre de Montréal en fin de semaine. C'est une sensation merveilleuse de présenter aux lecteurs le fruit de tant d'efforts, de sueurs, d'inquiétudes et de joie avec, à ma droite, Suzanne Marinier, qui a réalisé les magnifiques illustrations des Petites histoires fantastiques, philosophiques et merdiques!

Avec la sexologue Julie Pelletier
Et c'était sans compter le plaisir d'avoir à ma gauche une fille aussi allumée et hilarante que la sexologue Julie Pelletier. À plus d'une reprise, les oreilles m'ont frisées devant les confidences candides que lui offraient sans gène des lectrices de passage. Son aura de confiance et d'ouverture doit lui servir à merveille lorsqu'elle reçoit sa clientèle en privée. Même Suzanne et moi étions sur le point de laisser échapper quelques révélations sur nous-mêmes lorsque l'apparition surprise de nos jules nous a coupé le sifflet et ramenées à l'ordre.

Extra-terrestre en pâmoison

En plus de ses livres "pratiques", Julie a signé pour le même éditeur que nous, Québec-Livres, deux recueils de nouvelles érotiques. Mon imagination débordante s'est emballée! J'ai alors eu une vision de Petites histoires fantastiques, philosophiques et ... érotiques! Dans ma candeur, j'ai proposé à Julie : " Nous pourrions échanger une histoire érotique dans notre prochain tome respectif... si tu me laisses y glisser un extra-terrestre!"

Suzanne à côté de son œuvre.
Hum... quelle idée inspirante. Je vais laisser l'application ouverte dans le bas de mon écran mental, là où s'accumulent déjà les synopsis du prochain livre d'histoires, lequel promet déjà d'être plus sombre et... sanglant. J'ai bien hâte de voir ce que cela va donner avec le crayon de Suzanne!


Personnage de livre 

Belle rencontre aussi avec Patricia Bittar, qui signait des dédicaces pour son savoureux roman Vol au-dessus d'un nid-de-poule, tiré de son passage dans mon arrondissement comme conseillère de la Ville. J'ai un attachement particulier pour ce livre, car j'y ai inspiré le personnage de Jacinthe J., la chargée de communications efficace aux "longs cheveux noirs ondulant autour de son visage". C'est la consécration littéraire cette année, il n'y a pas à redire!


jeudi 7 novembre 2013

La leçon de Maxime Chattam

Pendant des années, j'attendais le Salon du livre de Montréal avec impatience. Je consultais le programme plusieurs semaines à l'avance afin de planifier ma visite autour des séances de dédicace convoitées. Je prenais grand plaisir à offrir à mes parents les livres des auteurs les plus populaires du moment.

Cela me permettait de m'approcher des auteurs, ces créateurs que j'admirais - et que j'admire toujours - au plus haut point, car ils avaient réussi ce qui correspondait pour moi à l'un des accomplissements les plus gratifiants qui soit.

J'ai mis fin à la tradition pour deux raisons. La première, en raison du peu d'intérêt des principaux intéressés. Je m'explique. Un jour, au téléphone avec ma mère, je me suis inquiétée de son absence de réaction au sujet de l'un des derniers livres postés.

- Oui, oui, je l'ai bien reçu!

- Et alors? Étais-tu heureuse?

- Mmm, mmm...

- Mais, as-tu vu ce qu'il avait de spécial?

- Non. A-t-il quelque chose de spécial?

- Oui, pardi! J'ai fait la file plus d'une heure pour te l'obtenir!

- ....

- As-tu simplement remarqué ce qui était écrit dans les premières pages?

- Il n'y a rien d'écrit dans les premières pages!

- Bien sûr!

- Non, Josée. Je l'aurais remarqué!

Avec une pointe d'impatience, je lui demande d'aller le chercher. J'attends au téléphone en trépignant pendant qu'elle le feuillette.

- Il n'y a rien, confirme-t-elle. Je te l'avais dit.

- Mais oui, je répond presque en criant. Regarde à nouveau!

Ma mère s'exécute une deuxième fois. Tout à coup, elle s'exclame : "Ah, je vois maintenant! Tu as écrit quelque chose dedans!

- Ce n'est pas moi!!

- C'est qui, alors?

C'est une anecdote que j'adore raconter. Ma mère est délicieuse comme cela. Un jour, j'écrirai enfin ce projet de livre qui traîne depuis longtemps et qui contiendra une foule d'anecdotes semblables, dont un chapitre complet dédié aux perles maternelles. Heureusement, je sais que maman sera la première à en rire, car elle me demande souvent avec enthousiasme quand il sortira.

L'autre raison mentionnée en introduction, c'est le peu d'intérêt des auteurs eux-mêmes. Un chroniqueur littéraire dont j'ai oublié le nom m'a donné un jour raison dans un texte où il offrait un "guide de survie au Salon du livre". On y retrouvait, entre autres, le conseil suivant : "Apportez-vous de l'eau; des kilomètres de tapis, des milliers de livres et des centaines d'auteurs, tout cela est très sec."

C'est dommage, mais tout aussi vrai... Les auteurs affables se font plutôt rares. Ceux que l'on se plaît à imaginer avenants sont les plus décevants. Ils nous font sentir idiots  - voire pathétiques - de leur avoir rendu cet hommage non mérité.

Prendre la poudre d'escampette

Et cela, c'est quand nous avons la chance de les trouver à l'heure et au lieu convenus. Il est difficile de croire qu'un auteur dont l'éditeur a publicisé à grand frais la présence puisse prendre la poudre d'escampette en laissant ses lecteurs en plan. Pourtant, c'est une situation constatée à plusieurs reprises au fil des années, et même au Salon du livre de l'Estrie où j'ai effectué mes premières séances de dédicace pour mes "Petites histoires fantastiques, philosophiques et merdiques" en octobre dernier.

Plusieurs des grosses têtes d'affiche annoncées ont quitté en catimini sans même prévenir le personnel du kiosque une demi-heure et même une heure avant la fin de la période qui leur était attribuée. Cela m'a presque valu des coups de sacs à main de la part de lectrices déçues, qui me demandaient où était tel ou telle dont la chaise se trouvait vide à côté de moi...

Les plus grands sont les plus humbles

Ceci m'a rappelé ma rencontre avec l'auteur français Maxime Chattam voilà deux ou trois ans au Salon du livre de Montréal. Ses romans sont si percutants et d'une telle noirceur que je craignais pour ainsi dire de me trouver devant lui. Toutefois, l'idée d'obtenir sa dédicace me séduisant tant, que j'ai pris mon courage à deux mains et me suis placée au bout de la longue file.

Rendue devant lui, j'ai eu la surprise de découvrir un homme absolument charmant, agréable et lumineux, qui traitait ses lecteurs avec un respect remarquable et leur prêtait la plus grande attention. Dans mon enthousiasme, j'ai enfreins ma ligne de conduite, qui est de m'en tenir à l'essentiel par courtoisie pour les visiteurs suivants, et lui ai avoué avec candeur que j'écrivais moi aussi un livre (je n'arrive pas encore à y croire).

"Ah oui? De quoi parle-t-il?" m'a-t-il demandé avec un intérêt qui semblait parfaitement sincère. Je me suis lancée dans une courte description de mon projet pendant qu'il hochait la tête sans cesser de sourire.

Avez-vous seulement idée du nombre de fois qu'il peut entendre pareil boniment pendant ses sorties publiques? Cela ne l'a pas empêché de me féliciter et de me souhaiter la meilleure des chances.

Je suis repartie, toute guillerette, en serrant mon précieux livre Léviatemps sous le bras. Un peu plus loin, la curiosité m'a fait rouvrir les premières pages pour découvrir le contenu de la dédicace : 

 
Pour Josée, 
Ce voyage dans le temps, 
vus le Léviatemps!
D'un auteur à un autre!
Maxime Chattam


Voilà l'étoffe d'un grand. C'est aussi un excellent exemple de l'effet durable qu'il est possible d'avoir sur autrui en quelques secondes, simplement en faisant preuve de générosité, en offrant une écoute attentionnée.

Bien sûr, l'effet contraire est aussi vrai. C'est la leçon que j'ai gardée en tête pendant mon passage au Salon de l'Estrie. Elle me motivera également pendant le Salon du livre de Montréal, où je serai les 22 et 23 novembre prochains.

Encore plus en cette ère où la survie du livre est menacée, tout comme la notion de droit d'auteur, chaque lecteur mérite d'être accueilli avec la plus grande considération.




vendredi 18 octobre 2013

Entrevue à TvCogéco : La comique de retour au micro!

Nostalgie! C'est bien le mot qui convient pour décrire ce petit retour en arrière que me permet d'effectuer la sortie du livre. Et plaisir aussi!

Dans un article précédent, je vous mentionnais ma joie de reprendre le micro de TvCogéco Magog pour une entrevue sur la sortie du livre "Petites histoires fantastiques, philosophiques et merdiques".  Puisque l'entrevue vient d'être mise en ligne sur le site du réseau (merci à toi, Patrice), il m'est donc possible de partager le résultat avec vous. Car, comme l'a dit le grand humoriste, "on ne veut pas le savoir, on veut le voir!"

J'étais un peu rouillée, mais en quelques secondes, j'ai retrouvé mon erre d'aller et... ma propension naturelle au cabotinage.

Bon visionnement! Je m'en vais de ce pas faire ma valise pour mon départ à Sherbrooke très tôt demain matin pour mon premier salon du livre. De retour la semaine prochaine avec les anecdotes qui ne manqueront pas de survenir.




Pour voir l'entrevue : http://www.tvcogeco.com/magog/gallerie/emissions-2013/6028-connecte-sur-magog/81223-josee-boudreau

mardi 15 octobre 2013

Salon du livre de l'Estrie et nostalgie

Avez-vous déjà entendu l'appel? Celui de la destinée, avec un grand A? Moi si, à deux occasions...

La première fois, j'avais douze ans. En visite à Sherbrooke, j'ai aperçu "Magog" sur un panneau. Un petit feu d'artifice s'est déclenché dans mon esprit. "C'est quoi Magog?" ai-je demandé à mon oncle. "Une ville", a-t-il répondu sans plus d'explications.

J'aimais ce nom qui commence par un "mmm" et finit par un claquement de la langue sur le palais. Il me causait une drôle de sensation, mélange de familiarité et de curiosité. Et j'ai classé ce nom bizarroïde dans mon cerveau sous "Synonyme de Neverland, lieu imaginaire et lointain où tout est possible".

Dix ans plus tard. Mon copain de l'époque et moi sentions qu'il était temps de partir de notre région (un phénomène commun à tous les mammifères au début de l'âge adulte, il paraît). Puisqu'il travaillait pour la station Radio-Énergie du coin, nous avons regardé l'affiche de toutes les stations du Québec afin de trouver l'inspiration. Simultanément, nos deux index ont pointé CIMO 106 à Magog.

Il n'y avait rien à rajouter. Les contacts ont été faits, un contrat a été proposé. Sans regarder en arrière, mais le coeur gros pour ceux que nous quittions, nous avons mis notre maigre bazar dans un camion, incluant le chat (qui n'a rendu l'âme qu'en mai dernier à l'âge de 20 ans) pour déménager dans une ville que je n'avais jamais vue. Incroyable, n'est-ce pas?

Tapis orange

L'intégration a été difficile, surtout la tempête de neige qui nous a accueillis en ce premier d'avril. Et il me restait à trouver du travail. Et le tapis orange fluorescent du salon ne faisait rien pour m'aider. Pour l'anecdote, j'avais passé la commande à l'ancien chéri parti avant moi en repérage d'un appartement doté de tapis ou de linoléum de couleur pâle dans un duplex ou un triplex.

"Oui, oui, un bel appartement dans un tout petit bloc avec des planchers pâles", m'a-t-il assuré au téléphone, un peu froissé de ma méfiance. Le petit bloc était en fait une fourmilière et tous les tapis étaient psychédéliques. Une horreur!

Toujours est-il que le destin avait raison. Cela a pris du temps, mais la chenille est devenue papillon. C'est à l'Université de Sherbrooke que je suis tombée dans la rédaction et la communication, alors que parallèlement je tenais des rôles dans la merveilleuse troupe de théâtre Orford qui se produisait tous les ans au Vieux -Clocher. Sans oublier les six incroyables années à m'éclater à la télévision TvCogéco. Et bien sûr les amitiés durables que j'ai nouées dans la région.

De retour à TvCogéco

Avec Patrice Ledoux de TvCogéco à Magog.

Un jour, le destin m'a indiqué qu'il était temps de partir à nouveau. Cela a été un déchirement, mais il ne s'est pas trompé une fois de plus. Malgré tout, la nostalgie m'étreint souvent quand je repense à mon passage en Estrie. J'en rêve encore la nuit... 

Ma participation au Salon du livre qui commencera le jeudi 17 octobre à Sherbrooke m'offre maintenant une belle occasion de renouer avec la région. Déjà, j'ai payé une petite visite à Magog samedi dernier pour tourner un clip à TvCogéco, moi qui ne croyais jamais tenir de nouveau ce micro. Merci à Patrice Ledoux de m'avoir offert ce petit bonheur!
 
Cela a été l'occasion aussi de prendre un cappuccino sur une terrasse ensoleillée derrière un commerce de la rue Principale tout en regardant l'Orford express suivre la rivière. 

Rendez-vous samedi et dimanche de 13 h à 15 h

Je dois aussi à Sherbrooke de m'avoir fait découvrir mes premiers salons du livre. J'y circulais avec fébrilité, admirative de ces auteurs que je voyais enfin dans leur élément naturel. Vous comprenez maintenant ma joie d'y prendre place à mon tour, samedi et dimanche prochains, de 13 h à 15 h!

Qui plus est, je partagerai le stand d'auteurs que j'admire au plus haut point, dont Denise Bombardier, Francine Ruel, Caroline Allard et ... Clémence Desrochers. Pincez-moi, je rêve!

jeudi 3 octobre 2013

Lancement à la SQRP : Vestons de tweed et patches sur les coudes

Pendant des années, j'ai conservé l'adresse de la Société québécoise de la rédaction professionnelle dans mes favoris. De temps en temps, je la contemplais en me promettant : " Un jour, elle sera mienne! "

Le titre de rédactrice agréée me tentait au plus haut point, mais j'avais alors une idée horrible de ce qui m'attendait : un groupe hermétique d'individus à la tête grisonnante, portant des vestons de tweed avec patches sur les coudes et, surtout, qui se relançaient entre eux sur les règles de l'accord du participe passé des verbes essentiellement pronominaux.

Je les imaginais m'accueillant poliment à une activité, avant de froncer les sourcils en cœur en entendant les perles de joual qui finissent immanquablement par sortir de ma bouche si je l'ouvre trop longtemps. Et j'attendais...

Puis, en 2008, j'ai écrit un petit courriel pour en savoir plus sur l'examen d'agrément. Le même jour, Claire, une dame charmante et chaleureuse, m'a téléphoné, puis je me suis lancée. Et j'ai découvert tout un contingent de personnes aussi affables.

Cela devait être un bon élan puisque l'année d'après, j'étais déjà responsable à mon tour de l'organisation entière de l'examen d'agrément. Une tâche exigeante, mais tout aussi gratifiante, que j'ai accomplie avec joie jusqu'à l'examen de février dernier. Cette année, la dynamique Renée a accepté de relever le défi à son tour. Je ne suis pas inquiète, c'est une rassembleuse.

Lancement et cocktail de la rentrée

J'en ai eu la preuve avec le lancement qu'elle et Marie-Noël, la présidente, m'ont préparé hier conjointement avec le cocktail de la rentrée de la SQRP. Il s'agit d'une invitation annuelle que nous lançons à tous nos membres, mais aussi aux aspirants inscrits à notre liste de diffusion, de même qu'à tous les communicateurs de la Ville Montréal, une famille que j'ai apportée comme dot à mon arrivée dans l'association.

Suzanne, moi, Claire, Renée et Charles
Pour l'occasion, le mot d'ordre est de nous présenter à notre meilleur : nous faire beaux et laisser dans le placard les vestons de tweed (de même que les crêpages de chignon sur les verbes essentiellement pronominaux - oui, cette partie était vraie, finalement).

Ils ne sont pas si redoutables, mes rédacteurs. La preuve, personne n'a regimbé sur l'utilisation du mot "cocktail" dans l'invitation!



C'est dans l'ensemble ce que je leur ai raconté lorsqu'on m'a fourré le micro dans la main hier soir. Et j'ai conclu par un "Chu t'assez contente de faire partie de la SQRP!" bien senti, auquel ils ont répondu par des rires tonitruants.


Suzanne, la cachottière

Et quelle joie d'observer mes collègues communicateurs de la Ville de Montréal et rédacteurs de la SQRP frayer ensemble joyeusement, mon livre sous le bras! Sans oublier ma satisfaction de voir la merveilleuse Suzanne Marinier, qui a illustré le livre, recevoir les félicitations de tous pendant qu'elle répétait jusqu'à plus soif : " Quand Josée m'a parlé du projet en disant que, quoi qu'il arrive, nous signerions des dédicaces au Salon du livre, je ne l'ai pas crue à 99,99 % !"

J'y suis habituée : elle le répète à chacune de nos rencontres depuis que nous sommes sorties du bureau de l'éditeur. Petite cachottière... Elle n'avait pas partagé ce sentiment avant. Je suis d'autant plus heureuse qu'elle ait accepté de se lancer dans l'aventure!

Wayne's World

Je lui ai depuis parlé de cette grande leçon de philosophie que j'ai tirée du film Wayne's World 2, laquelle a littéralement changé ma vie.

Je perçois votre consternation. Vous vous souvenez du rêve où Jim Morisson explique à Wayne que, s'il veut organiser un grand festival et accueillir des groupes comme Aerosmith, la solution est simple?

"Invitez-les et ils viendront." 

C'est cela. Avant de songer à kidnapper le groupe ou à détourner l'autobus de tournée, il faut commencer par essayer la grande porte. N'est-ce pas d'une logique implacable?

Oui, amis rédacteurs, je suis heureuse d'avoir frappé à votre porte. Même s'il faut éviter de débattre du bon usage de l'expression "temps plein" versus "temps complet" pendant une réunion du conseil d'administration!

lundi 16 septembre 2013

Lecteur parisien + lectrice tokyoïte

Avez-vous senti l'activité sismique hier? Une petite secousse suivie d'une plus grande?

C'était moi, je l'admets. J'ai juste (un tout petit peu) cherché ce qu'il en était de mon livre sur le net. Il faut dire que " chercher " est bien le mot qui convient pour tout ce qui le concerne. La seule librairie qui m'offrait le plaisir de le contempler à l'air libre vient de le cacher, elle aussi, dans le rayon. Il est donc presque partout... mais d'une discrétion qui frise la misanthropie.

En résumé, si vous ne savez pas qu'il existe et que vous ne partez pas volontairement à sa recherche avec une lampe frontale, il se cachera de votre regard indiscret. Ouch! Il ne me reste qu'à croiser les doigts pour qu'un critique littéraire soit très bientôt en humeur de récits fantastiques, philosophiques et merdiques.

Revenons à nos secousses... Donc, quelques pianotements de doigt sur le clavier pour questionner "Intelligence" et... merveille d'entre les merveilles! Que vois-je? Le symbole de l'Euro! Le livre est offert à la Librairie du Québec à Paris. Long frisson, tremblements et envie d'en faire une entrée de blogue (pas nécessairement dans cet ordre).

Je m'interroge tout de suite : une librairie spécialisée en ouvrages québécois à Paris, est-ce vraiment la "distribution en Europe" dont m'avait parlé l'éditeur? Techniquement... oui. Je décide que c'est suffisant pour que je fasse une petite culbute dans le salon! Mais il reste encore des liens à fouiller. Je continue.

Ô merveille à nouveau! Il est également dans le site de la chaîne de La Procure, qui possède des librairies dans toute la francophonie avec une prédilection pour les petites villes au nom en "Poitou"!

(Là, c'est quand votre ensemble de salière et poivrière s'est mis à trembler, suffisamment pour que le chien dresse les oreilles!)

Après cette petite danse  de la joie, je continue mon exercice d'auto-google jusqu'à la lie et... hein?

Quel est ce site où je vois le nom du livre à travers une tapisserie bien tassée de caractères délicats et complexes? Serait-ce du japonais? Est-ce possible? On dit les Japonais très friands des produits culturels français. Cette passion s'étendrait-elle au Québec?


La fonction "Traduire" de Google le confirme : Kinokuniya, une importante chaîne japonaise (un Québecor en quelque sorte) offre mon délicieux et modeste recueil en importation. J'adooore les empires!

(Là, c'est quand votre laveuse et votre sécheuse se sont mises à branler à leur tour au point de bloquer la porte de la salle de bain et de faire fuir le chat sous le canapé!)

Pendant que de l'écume se forme aux commissures de mes lèvres, mon imagination hyperactive se met en branle. Un nouveau fantasme se dessine.

Dans celui-ci, je vois un lecteur parisien. Vêtu d'une écharpe, il est attablé seul devant un petit bistro. Alors même qu'il lit Eve de Milo (qui se déroule dans un Paris post apocalyptique) et se dit: "Putain, mais elle est en train de me décrire!", un autre exemplaire des Petites histoires fantastiques, philosophiques et merdiques tombe par-terre à côté de sa table.

Surpris, il se penche pour le ramasser, mais une main fine et blanche le devance et saisit le livre délicatement. Encore plus étonné, l'homme remonte les yeux et surprend une ravissante Tokyoïte aux cheveux roses.

Souriant béatement à l'apparition, il constate qu'elle ressemble grandement aux fameuses Harajuku girls délicieusement excentriques du Japon. Qui elles, à bien y penser, ressemblent fichtrement à la merveilleuse "Indifférente" qui orne la couverture du livre! Notre jolie Tokyoïte demande timidement dans un français chantant mais impeccable à notre Parisien troublé où se trouve le musée du Louvre.

Rajustant nerveusement son écharpe, l'homme lui répond qu'il comptait justement s'y rendre après son café (ce n'est pas vrai, mais il ne va pas laisser passer l'aubaine) et l'invite à sa table. La demoiselle accepte et s'assoit en lissant gracieusement les plis de sa mini-jupe multicolore.

Voilà. Ce nouveau fantasme rejoint, bien sûr, celui récurrent où je me vois cavaler de librairie en librairie pour y saisir les exemplaires de mon livre dans les rayons trop discrets et les placer bien en vue dans les meilleurs étalages (mais que je n'ose réaliser de peur de finir sur YouTube à cause des caméras de surveillance. Il s'agit certainement d'un classique chez les nouveaux auteurs. Mais, vous, par exemple, ne vous gênez pas si l'envie vous prenait!).
 





mercredi 11 septembre 2013

Première entrevue : mon coeur est un triangle

Je vais vous confier un secret... Mon coeur est de forme triangulaire.

Il a trois pointes, chacune représente une région où j'ai vécu. J'ai donc trois grandes familles qui m'accueillent chaudement comme l'une des leurs : l'Abitibi-Témiscamingue, l'Estrie et le grand Montréal.

C'est un privilège de connaître ces régions aussi bien. Tous devraient avoir cette chance : s'imprégner des particularités culturelles de différents coins bien distincts du Québec.

On croit à tort que le Québec partage une seule culture. C'est faux. Il y en a mille, des dizaines de milliers, même, si l'on tient en compte les particularités propres à chaque famille.

Je l'ai découvert en partageant le vécu de mes amis, de mes amours pendant mes trois vies. Ce qui semble si naturel à l'Estrie devient une aberration en Abitibi. Ce qui parfois va de soi à Montréal paraît étrange en Estrie.

Tenez, un seul exemple : la vaisselle. Lors de mes séjours dans ces régions, c'est pendant cet exercice si simple que les plus grandes disparités sont apparues : "Il faut la rincer, c'est plein de savon, voyons!" "Que fais-tu là? Tu gaspilles de l'eau!" "Mais pourquoi tu l'essuies? Laisse-la sécher!" Particularités familiales ou régionales?

Un autre exemple, peut-être plus concret : la visite au casse-croûte. "La" frite de l'Abitibi devient "le" frite en Estrie. À cet endroit aussi, le hot dog se fait garnir de chou, quelque chose d'inconnu pendant mon règne en Abitibi. La première fois qu'on m'en a offert, j'ai ouvert des yeux grands comme des soucoupes. Sans oublier "le" bus qui était devenu "la" bus à Sherbrooke.

De petits détails qui ouvrent l'esprit à l'idée que chaque région a un coeur qui bat à son propre rythme.

Abitibi Express

La sortie du livre m'a permis de renouer simultanément avec ces trois foyers qui cohabitent dans mon coeur, d'où je garde des souvenirs et des amitiés très chers. Ainsi, ma première entrevue est parue cette semaine dans le journal Abitibi Express sous la plume du sympathique Martin Guindon.

Quelle émotion de découvrir le texte qu'il a tiré de notre conversation téléphonique où je lui ai lancé dans le désordre toutes mes impressions sur cette expérience et les immanquables anecdotes qui en ont ponctué le parcours.

Grâce à lui, ceux que j'ai laissé à regret derrière moi dans cette merveilleuse région vont découvrir que je tiens à partager ma fierté avec eux.

Je vous embrasse par-delà la distance!

Pour lire l'entrevue : http://www.abitibiexpress.ca/Culture/2013-09-11

dimanche 8 septembre 2013

Culturehebdo.com, je vous aime...

Je me suis fait de nouveaux amis très chers, mais ils ne le savent pas encore.

En pondant la première critique sur Petites histoires..., l'équipe de Culturehebdo.com m'a offert une merveilleuse secousse dans les montagnes russes qui accompagnent la sortie du livre.

Précisons qu'avant de se livrer à l'exercice, il est difficile d'imaginer le stress qui accompagne le fait de jeter un sac rempli de ses pensées les plus intimes en pâture à l'opinion publique... Encore plus à l'ère des réseaux sociaux avec un titre qui comporte le mot "merdiques". Si le livre est un succès, on saluera l'audace. Si c'est l'inverse, on acquiescera : " Oui, certes ".

J'avoue avoir ressenti une légère tachycardie en voyant dans le court libellé du lien : " Vous serez drôlement servi avec Petites histoires... ". D'une main tremblotante, j'ai suivi le lien et découvert la délicieuse critique suivante : 

Des nouvelles imaginatives
Vous aimez ce genre de recueil de nouvelles qui à chaque chapitre vous plonge dans un univers soit onirique, soit surréaliste ? Vous serez drôlement servi avec Petite histoires fantastiques, philosophiques et merdiques. A lui seul le titre est tout un programme. Le fruit de l’imagination débordante de Josée Boudreau pour la rédaction et Suzanne Marinier aux illustrations. Chaque nouvelle possède son petit climat bien à elle. Et on se plait à penser qu’un cinéaste de talent trouverait ici bien du pétrole à forer pour un film à sketches par exemple.

 
Que demander de plus (à l'exception d'une pastille "Coup de cœur" chez Renaud-Bray)? J'ai eu beau fouiller dans le site, qui se présente comme "l'agence de presse culturelle destinée aux hebdos régionaux de la province", je n'ai trouvé aucun lien avec mon éditeur. Il n'est pas non plus géré par une ancienne flamme (encore moins par une actuelle) ou quelqu'un sur qui je détiendrais des informations compromettantes. Que du bonheur, en résumé.

De grâce, si c'est moi qui suis dans le champ, laissez-moi encore quelques jours pour en profiter. "Chaque nouvelle possède son petit climat bien à elle", ce n'est pas rien!

Et que dire de "...on se plaît à penser qu’un cinéaste de talent trouverait ici bien du pétrole à forer pour un film à sketches", sinon que, dans mon scénario personnel, ce n'est pas UN cinéaste, mais plutôt TREIZE qui se répartissent les nouvelles de ce livre!

Pour voir la critique dans son élément naturel : 
www.culturehebdo.com/livres.htm

mardi 3 septembre 2013

"Dévoilement" à la Grande Bibliothèque

Nouveau jour, nouvelle première! Pendant un instant d'auto-googlement, je découvre avec joie que le livre sera bientôt offert à la Grande Bibliothèque nationale.

C'est un moment de fierté. J'y ai passé moi-même des heures et des heures à farfouiller fébrilement dans ses rayons à la recherche du coup de foudre. Le livre parmi tous les autres qui marquera un "avant" et un "après" dans ma vie, comme "La part de l'autre" d’Éric Emmanuel Schmitt ou "Replay" de Ken Grimwood.

Cette découverte provoque plusieurs autres émotions. Il y a, bien sûr, la plénitude et la satisfaction de laisser à la culture québécoise une trace de mon ADN littéraire, mais aussi une étrange impression que j'ai peut-être atteint ma "date d'expiration".

Et si ma mission était terminée? Qui sait, peut-être devais-je transmettre l'étincelle d'un message, d'une réflexion chez un lecteur qui jouera dans un avenir plus ou moins rapproché un rôle important dans la communauté, et il l'aura trouvé en lisant les péripéties d'Antoine dans "YU, la transition"!

Hum... Il va vraiment falloir me discipliner à traverser les intersections au feu vert. Moi qui ai passé des années à "désapprendre" depuis mon retour dans la métropole!

Un instant... Est-ce bien ma date de naissance que j'aperçois? "Boudreau, Josée, 1970 - ".

Déglutition pénible... Je ne suis pas du genre à tricher sur mon âge, mais, je me garde habituellement une petite gêne. Surtout depuis la traversée du seuil fatidique (calculez, vous comprendrez). Moi, qui rêvait d'un grand "dévoilement", je suis servie.

Toutefois, à bien y penser, il pourrait y avoir pire que "1970 - ".

Oui, imaginez "1970-2015"! Voilà qui serait inquiétant! Au moins, la GBN n'a pas accès à ce type d'information privilégiée!


dimanche 1 septembre 2013

Il est arrivé en librairie!

Sueurs et émerveillement! Après plusieurs mois de gestation silencieuse et de dates de sortie incertaines, le livre est enfin apparu en librairie le 16 août dernier...

Il ne lui reste maintenant qu'à briller parmi les 3500 à 4000 nouveautés proposées chaque année au Québec, ce qui n'est pas un petit défi!  On a déjà vu des accidents de parachute avec des pronostics plus optimistes!

Si un grand nombre de librairies l'ont déjà en inventaire, plusieurs d'entre elles se sont contentées de le coincer sur le côté, le long d'un mur.

Merci à Renaud-Bray sur la rue Saint-Denis qui a eu la gentillesse d'en mettre quelques exemplaires au deuxième étage sur le coin d'une table réservée aux romans québécois et canadiens. Depuis, je peux aller le dévorer des yeux et le caresser du bout des doigts, et ce, en goûtant la blague, involontaire ou non, du commis qui l'a posé non loin d'un livre intitulé "Cher trou de c..."! À moins que ce ne soit une approche de "concentration" comme les magasins de chaussures sur la rue Saint-Hubert ou les antiquaires sur la rue Notre-Dame?

Néanmoins, mon rêve s'est réalisé ce jour-là. À la différence que, dans le scénario original, mes cheveux battaient au vent comme ceux de Beyoncé alors que je m’emparais de mon livre et qu'un attroupement se formait autour de moi à la librairie. Clients et commis m'entouraient avec enthousiasme (peut-être même d'un peu trop près) pour me demander, les yeux admiratifs : "C'est vous qui avez écrit cela?"

Arrivé en courant, le propriétaire attrapait un stylo dans un présentoir et me demandait sur-le-champ de dédicacer les quelque deux ou trois cents autres exemplaires cachés dans l'arrière-boutique.

Non, ce soir-là, c'est moi qui suis arrivée en courant. J'avais les cheveux hirsutes et le genou droit en sang comme une fillette de six ans, cadeau d'un nouveau coin de trottoir pas-si-au-niveau qu'il en donnait l'air. J'ai saisi mon livre avec émotion, trouvant sa couverture souple et son papier lisse toujours aussi agréables et sensuels au toucher (c'est de l'émotion sortir un livre, je vous l'ai dit!). Je l'ai tripoté ainsi avec amour pendant plusieurs minutes, espérant très fort que les clients qui traînaient autour voudraient eux aussi connaître cet extase qui devait assurément transparaître sur mon visage.

Cela n'a pas fonctionné.

Il n'y avait qu'un commis qui me jetait des regards en coin, inquiet à l'idée que je défasse son étalage.

C'est quand même un bon début. Je conserve mon scénario original. Ce sera peut-être pour la parution du deuxième...